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La Râlerie
15 février 2023

A Plague Tale Requiem : Unpopular opinion repérée

Source: Externe

 

Je ne vais pas y aller par quatre chemins : J'ai été déçu par la suite de Plague Tale Innocence.
Oui, je vous vois préparer moults projectiles plus ou moins contondant à me jeter au visage. C'est un studio français me direz vous ! C'est une merveille graphique, j'entends bien. Mais je ne peux mentir, c'est dans la souffrance que je suis allé au bout du jeu.

Petit rappel pour ceux qui l'ignorerait : A Plague Tale Requiem est la suite du jeu A Plague Tale Innocence qui raconte les aventure d'Hugo et Amicia dans le comté de Guyenne (près de l'actuelle Bordeaux) au XIVe siècle. Dans une France frappée par la guerre et la peste, frère et soeur devront survivre à une mystérieuse malédiction liée aux rats, qui pousse l'inquisition aux trousses d'Hugo. Ce premier jeu était une merveille, son scénario amenait la juste dose de fantastique qui lui permettait d'être crédible et de rendre l'histoire passionante. Ses phases de gameplay étaient parfaitement dosées et ses graphismes, comme sa musique, collaient parfaitement à son ambiance sombre.

J'avais aimé et j'attendais avec impatience Requiem, bien que je pensais que le premier jeu se suffisait à lui même.

Très bientôt aura lieu la cérémonie des Pégases et le jeu y recevra probablement un prix. Pourtant je n'adhère pas à l'enthousiasme général autour du titre.
Avant tout, ne jetons pas le bébé avec l'eau du bain : le jeu est beau, très beau. Sa durée de vie est conséquente pour un solo unique et il est parfaitement rythmé entre combat, exploration et énigmes.
Mais parlons de ce qui pêche : Je n'y crois pas.
Si j'ai accompagné Hugo et Amicia de tout mon coeur dans Innocence, si j'ai été ému par la mort de Roderick, si j'ai vécu intensément le sauvetage de la mère des enfants De Rune, le second opus m'a laissé froid. Commençons par le commencement et comme toujours le mode spoiler est activé, vous êtes prévenus.

Medievil

Dès le début du jeu une séquence nous permet de reprendre le gameplay en main (et l'histoire où nous l'avions laissée.) Hugo et Amicia s'amusent, explorent le chemin sur la route de provence avec Lucas, leur jeune compagnon alchimiste. Très vite le jeu se transforme en séquence d'infiltration lorsqu' en voulant explorer ce que les enfants pensent être un chateau abandonné, ils se retrouvent au milieu d'une exploitation d'appiculteurs qui ne plaisantent pas avec le droit de propriété. Le scénario nous laisse entendre que l'endroit à été saccagé par des voleurs, les ruches ont été brulées, et les propriétaires sont prêts à éliminer le premier intrus, même si c'est un enfant de 8 ans.
Ici déjà plusieurs points m'ont gênés. Déjà, j'ai bien conscience que la séquence sert de tutoriel déguisé, mais pourquoi introduire toute cette histoire mystérieuse de ruches brulées pour ne jamais y revenir ? De tout le jeu ? J'ai passé un temps fou à chercher des connexions ailleurs dans l'histoire avec cet évènement pour qu'en fait il s'avère n'avoir aucun lien avec quoi que ce soit. Ensuite, et c'est un reproche qui reviendra durant toute cette critique : ce n'est pas crédible. Beaucoup d'historiens se battent aujourd'hui pour sortir les clichés innhérents au moyen-age de la tête des gens. Nottamment l'idée que c'était une période obscurantiste, sale et violente. Plague Tale plonge en plein dedans. Tous ces appiculteurs qui vous poursuivent avec leur couteaux de boucher, les cadavres dans la ferme, la violence générale, c'est un peu gros. Non, en 1348 on ne pouvait pas tuer n'importe qui sous pretexte qu'ils étaient entré chez vous, non tous les hommes de la campagne n'étaient pas des barbares à la machette, et il est plus probable que les deux enfants auraient été jetés dehors s'ils s'étaient introduits illégalement sur une propriété privée. Certains diront que c'est le meurtre (accidentel) de l'un des fils du chef d'exploitation de la ferme apicole par le pouvoir d'Hugo qui fait perdre la raison à ce dernier et le pousse à traquer Amicia qu'il croit responsable. Mais ce meurtre n'est que la conséquence de leur attitude extrêmement agressive d'avant.
On peut tout à fait envisager (et pardonner) le fait que ceci étant une phase tutoriel elle ait été un peu difficile à intégrer de façon "naturelle" au jeu et qu'il a fallut brosser un scénario qui serait forcément moins abouti que l'ensemble pour le rattacher eu reste.
Soit.
Passons donc à la suite.

Jesus qui ?

Un passage m'a particulièrement interpellé.
Hugo et Amicia, après de nombreuses péripéties, arrivent dans un vaste campement occupé par un groupe de chrétiens en pelerinage. Devant le prêtre qui organise la messe, Amicia se moque d'Hugo car il croit qu'Amen veut dire "merci". Or je trouve fortement improbable qu'un enfant, d'autant plus s'il est issu d'une famille noble, n'ait pas appris dès son plus jeune âge les rudiments de la religion chrétienne. Dans une France très croyante ce n'est pas crédible. Hugo semble ne rien connaître de la foi catholique et il pose de nombreuses questions sur le sujet. Même en acceptant qu'il ait vécu très isolé dans son enfance du fait de la faiblesse physique que lui imposait la macula, il est impensable que le comte De Rune, son père, ne lui ait pas enseigné les grâces et les prières liées au catholicisme.

A(Mary)cia Sue De Rune

Si Amicia à toujours été très protectrice envers son petit frère (c'est tout de même la base de l'histoire) la façon dont elle le devient dans cette suite, telle une lionne enragée prête à tout pour lui, est justifiée par les développeurs par une ancienne prophétie. Celle-ci la défini comme "la protectrice" celle que la macula désigne pour protéger son porteur. Comment ? Pourquoi ? On ne le saura pas, mais c'est la cause de l'attachement farouche et quasi surnaturel d'Amicia envers Hugo, qui va même à l'encontre de leur propre mère pour le protéger. Si en soit, cet amour fraternel pourrait tout à fait exister, cette notion "d'élu" et de "destinée" m'a toujours parue une facilité scénaristique pour justifier un héros à la determination immuable. Encore uen fois, je n'arrive pas à y croire.

Dans Innocence, Amicia souffrait, elle était battue, elle encaissait, elle mettait du temps mais elle finissait par se relever et j'y croyais.

Là, il n'y a pas un chapitre ou elle ne se brise pas un os, ne se fait pas entailler la couenne ou trouer d'une flèche et à chaque fois il lui suffit d'un fondu au noir pour repartir à l'attaque. Amicia est devenue une véritable Mary Sue, ce personnage créé par Paula Smith pour dénoncer les héroïnes qui gagnent sans efforts l'adhésion de leur pair, toutes leurs batailles, qui ont toujours raison et dont le destin est supérieur à celui des autres.
J'exagère à peine, pour Amicia ça demande tout de même quelques efforts.
Elle prend une flèche dans le ventre : elle est soignée en une nuit et crapahute sans problèmes le lendemain. Son combat contre le comte de Provence la laisse blessée, épuisée, boitillante et avec une épaule démise, pourtant il lui suffit de retrouver Hugo pour repartir de plus belle avant même la fin de la journée. Le jeu est remplie de moments où Amicia est blessée, censés nous faire comprendre son humanité et sa détermination, pourtant, le fait qu'elle n'en garde aucune séquelles (hormis ses cheveux coupés au fur et à mesure) lui donne plutôt une aura quasi-divine et on s'éloigne justement de l'humanité recherchée.

La crédibilité et le fantastique justement dosés du premier opus ne sont ici plus de mise. On plonge des deux pieds dans le fameux "ta gueule c'est magique" et tant pis pour la cohérence.

Requiem for a Dream

Si les personnages secondaires (pour la plupart bien écrits) apportent des moments mémorables et que la scène finale (prévisible) est tout de même touchante, rien n'enlève cette sensation d'artificialité et d'exagération que j'ai ressenti durant toute l'aventure.

Ah ! et si la musique est souvent très juste, le thème de la macula est beaucoup trop présent et s'éternise parfois dans des scènes qui en deviennent juste plus angoissantes sans raisons valables.

 Voilà pourquoi, je le dis au risque de déclencher une shitstorm de fans : je n'ai pas aimé Palgue Tale Requiem

Je ne dis pas que le jeu ne mérite pas le Pégase qu'il va surement recevoir le 9 mars, mais simplement que j'attendais plus que ça.

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